PRÉFACE
MOSTAPHA BOUSMINA*
L’enracinement du Maroc dans le continent africain ne constitue pas seulement une réalité géographique. Il est aussi et surtout d’ordre social et culturel. Il relève par conséquent de l’histoire et de l’anthropologie. En témoignent les grandes caravanes qui, bien avant le vingtième siècle, partaient du Sahara marocain jusqu’à Zanzibar en passant entre autres par Adrar et Tombouctou. Ce qui a non seulement permis d’important échanges commerciaux, mais aussi de multiples brassages et diverses résonnances multiculturelles entre tribus nomades et sédentaires.
Au regard de cette réalité, qui n’a cessé de s’enrichir au fil des siècles, le Maroc a toujours développé à l’égard des pays de son continent des rapports de coopération et de solidarité exemplaires fondés sur le gain partagé et le co-développement, étant convaincu que leur avenir commun relève en quelque sorte d’un destin qui emprunte les mêmes chemins, parsemés de défis et d’ambitions.
Il est par conséquent évident que notre Université devient en peu de temps un espace de formation pilote pour les étudiants africains. Ils appartiennent à plus de quarante-sept nationalités ceux qui y suivent aujourd’hui leurs études dans les différents cursus disciplinaires. Ils seront demain des milliers de leaders chargés de conduire leurs pays vers le développement et le progrès. Ainsi notre Université s’attache sans relâche à mettre à leur disposition, et à l’ensemble de sa composante estudiantine, les moyens nécessaires à l’acquisition de compétences de haut niveau en termes de savoir et de savoir-faire. Car les défis du futur seront encore plus complexes que ceux de nos jours, et il importe de doter ces étudiants d’outils pratiques, heuristiques et cognitifs leur permettant de booster les capacités des intelligences et des performances dont ils auront besoin.
En plus de cet intérêt porté à la formation, qui constitue un facteur d’attractivité pour de nombreux pays africains désireux de coopérer dans ce domaine avec notre Université, la création de la revue, « Alternatives africaines », se veut un organe d’étude totalement dédié aux questions et enjeux qui se posent en Afrique car, rappelons-le, celle-ci est en constante métamorphose dans de nombreux domaines, et exige par conséquent des éclairages réguliers et autant lucides que pertinents. Cette revue veut les mener par le biais des analyses fines qu’elle propose, par les données qu’elle interroge, par les thèses qu’elle met en perspective, portée en cela par un élan d’élucidation le mieux possible des défis d’avenir et des enjeux du présent.
Elle aura ainsi à se consacrer, comme dans cette première livraison, à des sujets souvent non suffisamment lus ou délaissés par certaines approches de type sociologique, politique ou économique. Ce parti pris scientifique, inscrit dans la vision de notre Université pétrie d’objectivité et d’esprit critique, est ce qui fera incontestablement de cette revue à la fois un moyen d’aide à la décision et un levier de connaissance du futur. Aussi me dois-je de remercier vivement son Rédacteur en chef, M. Abderrahmane Haddad, ainsi que les enseignants-chercheurs et les techniciens qui se sont profondément investis dans sa réalisation.
* Président de l’Université Euromed de Fès
